Comment créer un potager sur son balcon : Guide Permaculture

Article rédigé par Fahima, experte en potager urbain et créatrice du blog PotagerBalcon.

Vous jardinez sur votre potager balcon et vous entendez souvent parler de permaculture. Cela vous fait rêver… végétaux vifs et foisonnants, pratiques écologiques, respectueuses de la planète, du vivant et tout ce qui va avec. Mais le problème, c’est que vous ne savez pas vraiment comment appliquer ces principes sur votre balcon. Et oui, quand on parle permaculture en jardinage, il est souvent question de potager en pleine terre.

Alors comment se servir du concept de permaculture qui semble pourtant si universel quand on a pas de jardin mais qu’on veut quand même jardinier ? Ça tombe bien, c’est de ce dont on va parler dans cet article !

Est-ce vraiment possible d’inviter la permaculture sur un balcon ?

Si j’y consacre un article c’est qu’il y a bien de la matière. Contrairement à ce que certains pensent, la permaculture ce n’est pas une technique de jardinage. C’est un concept. Un concept qui s’applique à une vie entière. Au quotidien. Et ça, peu importe le contexte.

On peut appliquer la permaculture à bien des situations. Mais pour rester sur la thématique du jardinage au balcon, vous (re)découvrirez ce qui compose la permaculture avec des exemples concrets à appliquer (ou pas) à votre balcon.

N’oublions pas que même si certains aspects sont universels, d’autres peuvent ne pas fonctionner dans un contexte et très bien fonctionner dans un autre. Pour ceux qui pensaient ne pas avoir la main verte, vous êtes rassurés ?

Déterminer le contexte de son potager de balcon

La permaculture, c’est prendre en compte de façon globale. La vision doit être holistique.

Observer c’est la base. Si vous deviez acheter une maison, vous visiteriez les moindres recoins de celle-ci non ? Vous auriez sûrement envie de voir comment les pièces sont agencées, la taille des chambres, la couleur des murs et tout le reste.

Et bien vous devez faire la même chose avec votre balcon (ou fenêtre, terrasse…) et tout ce qui est autour. Vous allez devoir connaître un minimum les caractéristiques et limites de votre espace de culture.

On ne fait pas pousser des mangues en France métropolitaine. Le contexte n’est pas du tout adapté. Et bien c’est pareil pour votre balcon.

Quelques questions non exhaustives auxquelles répondre :

  • Le balcon est-il abrité de la pluie ?
  • Est-il exposé au vent ?
  • Quand est-il exposé au soleil ?
  • Quelle est son orientation au soleil ?
  • Quel est le climat dans votre région ?
  • Quelles sont les dimensions dont vous disposez ?
Les personnes qui ont lu cet article ont aussi lu   Guide complet : créer un potager en permaculture

Déterminer ses intentions en permaculture urbaine

Rappelez-vous pourquoi vous avez voulu vous lancer dans ce projet insolite.Grâce à toutes les informations que vous avez recueilli à la première étape, vous connaissez maintenant les atouts et les limites de votre contexte.

Vous allez pouvoir déterminer précisément ce que vous attendez de ce mini potager de balcon en permaculture.

Pourquoi déterminer son intention ? Parce que vous n’avez sûrement pas les mêmes capacités que Pierre, Paul et Jacques. Etes-vous branché bricolage ? Combien de temps avez-vous à consacrer à ce projet ?

Soyez le plus précis possible. Vous devez être réaliste et fixer une limite de temps. Autrement, vous allez vous éparpiller et mieux vaut commencer petit et maîtriser, que grand et tout foirer.

Exemple : “Je veux pouvoir goûter mes premières tomates cerises et basilic cet été” au lieu de “Je veux cultiver le plus de légumes possible sur un balcon”

Si vous débutez, vous trouverez les bases essentielles pour démarrer sereinement sur cet article : 7 choses à savoir avant de se lancer.

Concevoir l’agencement de son potager urbain

Grâce aux informations que vous avez recueillies et à votre objectif vous allez pouvoir travailler sur l’agencement de l’espace.

Schématisez sur papier ou logiciel informatique (peu importe) et conceptualisez votre potager.

  • Placez vos plantes selon l’exposition la plus adapté
  • Utilisez les pots les plus grands possible. La réserve en nutriment et en eau du grand volume de substrat rendra le système plus autonome.
Potager permaculture sur balcon avec diverses plantes
Un exemple parfait d’optimisation de l’espace pour un potager productif en ville.

Réfléchir en zones

Vous connaissez peut-être le zonage en permaculture. Sur ce principe, placez de façon plus accessible les choses dont vous devriez avoir facilement accès.

Par exemple :

  • Une plante que vous récoltez souvent
  • Une plante qui demande plus d’attention que les autres
  • Un composteur qui sera régulièrement alimenté

Naturellement, placez plus loin les plantes qui nécessitent moins de soins.

Créer des microclimats

Si vous êtes exposé au vent, placez vos pots à l’abri contre un mur, un renfoncement ou un objet (table, chaise de balcon…) ou placez un brise-vent (végétal c’est plus sympa ^^) en ayant conscience que cela fera de l’ombre. Afin d’obtenir une protection efficace à chaque saison, la haie brise-vent devra avoir un feuillage persistant.

Associez plusieurs plantes par pot. En créant une végétation dense, vous faites en sorte que les plantes se protègent du vent mutuellement. De plus, cela permet un climat plus frais en été et plus chaud en hiver. Exactement comme dans une forêt.

Si vous avez besoin de créer des ombres, imaginez une végétalisation verticale et favorisez les associations grandes plantes / petites plantes. Cela vous permettra en plus de gagner de l’espace

Chercher la stabilité et la résilience

En permaculture, chaque élément à plusieurs fonctions et est supporté par plusieurs éléments.

Pourquoi ? Parce que si un élément vient à défaillir, la continuité du système à plus de chances d’être assurée par les autres.

Exemple 1 : En cultivant plusieurs variétés d’un légume, vous assurez plus de chances de récoltes que si vous cultivez la même et que celle-ci se détériore. En effet, certaines variétés sont plus ou moins sensibles aux maladies et ravageurs. Mais d’autres plus productives ou plus goûteuses.

Exemple 2 : En cultivant du romarin, vous produisez votre consommation personnelle et les butineurs profitent des fleurs. Il est en plus répulsif contre certains insectes. Que demander de plus ?

Vous vous en doutez. Agencer son balcon en permaculture est complexe. Vous allez vous creuser la cervelle. Et ce ne sera pas parfait du premier coup. Mais vous aurez appris pour la prochaine fois.

Au fur et à mesure des feedbacks que vous observerez sur votre balcon, vous allez ajuster et faire évoluer votre environnement. Encore et encore. Un terrain en permaculture évolue constamment.

Inviter la vie dans son potager balcon

La permaculture c’est favoriser “l’agriculture permanente”. Pour ce faire, on imite la biodiversité pour travailler moins et récolter plus. Le but est d’avoir un système le plus autonome possible.

Et sans vie (dans votre sol, sur vos végétaux…) on ne peut pas avoir un système autonome.

Qu’est-ce que la “vie” ? Ce sont tous les animaux (insectes, oiseaux…) et micro organismes qui œuvrent sans le savoir pour un monde plus vert.

En améliorant le terreau, en limitant les attaques des ravageurs, ils font tout le travail et vous n’avez plus rien à faire à part… Les accueillir chaleureusement !

Paillage naturel avec coques de pistaches sur plant d'oseille en pot sur balcon.
Mulch (: paillage) naturel et écologique avec des coques de pistaches protégeant le sol. Considérer les déchets comme des ressources est primordial en permaculture.

Comment on fait ?

Il faut faire travailler tous ces micro-organismes en leur fournissant de la matière.

La base, c’est déjà de protéger la vie souterraine en paillant. On leur offre par la même occasion une matière végétale qui va se décomposer sur place au fil du temps. Et c’est ce qu’on veut !

Mais ce n’est qu’un début. On peut ajouter en dessous des matières végétales pour faire ce que l’on appelle un compostage de surface. Évitez les matières à décomposition lente.

Si vous partez de zéro, et que vous n’avez pas encore de terreau à portée de main, vous avez là une belle occasion de tester les lasagnes en pot et de m’en dire des nouvelles !

Pour cela, alternez différentes couches de matières sèches comme la paille et le carton avec des couches de matières fraîches. Tout ce qui est lombricompostable peut aller dans une lasagne en pot. Finissez simplement au sommet du pot avec de la terre ou du terreau (même usagé). Et paillez pour protéger le tout. Vous pourrez utiliser la lasagne sur le champ ou la préparer à l’avance en veillant à bien maintenir l’humidité.

On offre le gîte…

L’hôtel à insecte part d’une bonne intention mais le concept n’est pas optimal. Pourquoi ? Car quand il a la chance d’être habité, les espèces peuvent mal cohabiter et s’envahir pour le pire.

Du coup, mieux vaut plusieurs mini gîtes pour chaque insecte répartis sur le balcon. Et pour cela, pas besoin de bricoler comme un fou.

On refait exactement les mêmes abris que dans un hôtel mais cette fois-ci, séparés les uns des autres.

Pour les abeilles, on utilisera un tas de tiges en bois, creuses à l’intérieur de type bambou (on peut aussi faire les trous soi-même avec une perçeuse) Il suffit de les réunir avec une ficelle et de suspendre le tout. On veillera à éviter les échardes pour ne pas blesser nos précieuses.

Dans le même principe, on peut aussi percer plusieurs trous sur une bûche de bois et la suspendre.

Pour les perce-oreilles, il faudra un tas de paille ou de mousse que l’on place dans une boite ou un pot en terre cuite, et on suspend le pot à l’envers. Pour que la paille (ou la mousse) tienne en suspension, on bouchera l’entrée du pot avec une simple tige.

Idéalement, on placera ces hôtels à l’abri du vent et au soleil (hors canicule)

N’oubliez pas d’être feignant. Laisser des trucs traîner sur le balcon peut aussi servir d’abris aux insectes. Et une petite coupelle d’eau en été, ça coûte pas cher et ça sert.

Et le couvert !

Pour attirer nos insectes préférés, ne cultivez pas que des légumes. Les fleurs sont nos amis. Ils embelliront le balcon et s’associeront merveilleusement bien aux légumes, fruits et herbes aromatiques déjà présents. Et en plus, on peut cultiver des fleurs comestibles (les feuilles le sont aussi parfois).

Pour attirer les insectes dits auxiliaires, préférez les pissenlits, la bourrache ou encore le bleuet… mais il y en a encore plein d’autres !

Recycler et optimiser ses ressources

Ce que l’on possède

La permaculture, c’est aussi faire avec nos propres ressources et souvent, utiliser ce que l’on a déjà sans forcément aller acheter la dernière jardinière à la mode.

Dans ce cas, on peut se rendre dans des boutiques en ligne ou physique de seconde main pour dénicher des pots originaux. On peut aussi réutiliser de vieilles palettes en bois (que vous trouverez dans les marchés) ou des caisses à vins pour en faire des jardinières. Cela peut aussi être un simple sac de courses tissé (les solides) que vous avez chez vous.

Pareil pour les semis. Boîtes à oeuf, rouleau de papier toilette, pot de yaourt… vous avez déjà tout à disposition depuis chez vous !

Composter en appartement

Pour entretenir la bonne qualité de son substrat et par la même occasion transformer ses “déchets” en or vert, il faut composter ! Grâce au lombricomposteur ou au composteur bokashi qui permettent une décomposition beaucoup plus rapide qu’un composteur de jardin classique, plus d’excuses pour ne pas composter en appartement !

Lombricomposteur urbain en appartement - permaculture sur balcon
Le lombricompostage permet de produire un terreau naturel même en appartement. C’est idéal pour un potager sur un balcon.

L’eau

L’eau est un point délicat car en balcon, il n’est pas toujours simple de récupérer l’eau de pluie ! Dans ce cas, on peut recycler l’eau courante grâce à des astuces simples en prenant le réflexe de garder l’eau de cuisson pas trop salée de ses légumes et oeufs. Mais aussi lorsque l’on se lave les mains ou sous la doucher (avec un savon écologique et naturel bien-sûr) en plaçant un arrosoir, l’eau de rinçage des fruits et légumes.

Conclusion

La permaculture, même en milieu urbain, est possible et réfléchie. Elle se veut respectueuse de chacun, donc écologique et inclusive.

Parce que c’est un concept qui se veut durable, le système “idéal” ne se construit pas du jour au lendemain mais s’ajuste et évolue au fil du temps, du contexte et des leçons que nous tirons de nos expériences.

Aussi, n’hésitez pas à faire vos propres expériences en permaculture sur votre balcon. Vous dénicherez peut-être une nouvelle pépite !

 

Article rédigé par Fahima, La Potageuse urbaine. Suivez ses aventures potagères et conseils pratiques sur Instagram et sur son blog PotagerBalcon.

Fahima (@potagerbalcon) partage régulièrement ses conseils et l’évolution de son potager urbain sur Instagram.

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