{livre} Le sol, la terre et les champs

Le sol, la terre et les champs – Pour retrouver une agriculture saine. Voilà un livre très connu dans le monde du jardinage naturel et de l’aspect scientifique de la vie du sol et des sols en général.

Le sol, la terre et les champs

Pour retrouver une agriculture saine

Par Claude et Lydia Bourguignon

Titre : Le sol, la terre et les champs – Pour retrouver une agriculture saine

Éditeur : Sang de la Terre, 246 pages

 

Le sol, la terre et les champs Claude et Lydia Bourguignon
Le sol, la terre et les champs” est un livre à avoir lu au moins une fois dans sa vie de jardinier pour comprendre comment fonctionne le sol.

Qui sont Claude et Lydia Bourguignon ?

Très connus dans le milieu de l’agriculture et de la viticulture, Claude et Lydia Bourguignon sont des scientifiques de formation. Claude est ingénieur agronome, spécialisé dans la biologie et l’étude des organismes vivants dans le sol. Il a étudié la microbiologie des sols à l’agro. Quant à elle, Lydia Bourguignon est maître ès sciences et a une formation en oenologie. Elle a travaillée sur la qualité des aliments. Ils sont connus pour leurs prises de position opposées aux dogmes actuels en agriculture, comme le labour. Ils ont fondé leur laboratoire d’analyse biologique des sols en 1989.

Ils sont considérés par beaucoup comme les médecins du sol et se battent pour faire entendre leur voix depuis plusieurs décennies. Claude et Lydia Bourguignon voyagent beaucoup à travers le monde pour analyser le sol de beaucoup d’endroits/pays/écosystèmes différents. Ils ont analysé plus de 12 000 sols à travers le monde ! Ils partagent dans ce livre une partie de leur savoir sur la biologie des sols et des plantes. Par ailleurs, vous pourrez retrouver beaucoup de vidéos youtube où ce couple de passionnés (qui nous rend aussi passionné, il faut le dire) partagent leur expérience. Avec parfois, ou souvent, des petites anecdotes assez drôles !

Claude et Lydia Bourguignon sont donc des personnes à connaître dans le milieu du jardinage bio et naturel, de l’agriculture, du maraîchage ou de la permaculture. Si vous vous demandez encore ce qu’est la permaculture, je vous invite à lire cet article que j’ai écrit spécialement pour vous : La permaculture qu’est-ce que c’est ?

 

Résumé du livre Le Sol, la terre et les champs

Si le résumé du livre ne vous intéresse pas (c’est une partie assez conséquente), vous pouvez aller directement lire mon avis sur le livre en bas de l’article. Vous pouvez aussi retrouver l’avis d’autres lecteurs sur cette page : avis de lecteurs du livre Le sol, la terre et les champs de Claude et Lydia Bourguignon.

Je vais commencer par vous donner un résumé de ce livre afin de vous montrer à quel point ce livre aborde de très nombreux points. J’ai choisi certains exemples ou sous-parties qui me semblaient intéressants, mais rien ne remplacera la lecture de ce livre. Ou d’autres livres sur la biologie des sols. Les choix sont personnels, et j’ai essayé de choisir les passage qui pourrait vous apporter le plus de valeur. Les parties choisies sont donc des choix personnels qui me semblent intéressantes pour les jardiniers ! Par ailleurs, le livre est constellé de chiffres qui parlent d’eux-mêmes, mais que les auteurs prennent le temps de développer et de d’expliquer. Rien que dans la préface on apprend que les labours sont responsables d’émission de CO2 (gaz carbonique) par la perte de matière organique. Et ce n’est pas de l’émission de rigolo. Pour régler ce problème et participant à la lutte contre le réchauffement climatique, l’agriculture de demain sera un moteur fort. Je cite : “En effet, en laissant la litière s’humifier à la surface du sol, on augmente la teneur en matière organique de 0.3% par an. Pour un pays comme la France, cela représente une fixation de 35 millions de tonnes de gaz carbonique dans les sols agricoles par an, soit 1/5° de notre consommation en pétrole”. Qui a dit que l’agriculture n’avait pas son rôle à jouer dans la lutte du réchauffement climatique ?

Le sol, milieu dynamique

Dans cette première partie, Claude et Lydia Bourguignon reviennent sur l’essentiel à maîtriser pour pouvoir comprendre que le sol n’est pas un milieu inerte. Mais un milieu riche, ou la vie microbiologique, bactérienne, fongiques et végétale cohabitent. C’est un gros domaine de recherche qui est encore très peu étudié et les auteurs le disent sans préambules. Depuis 10 000 ans nous faisons une agriculture empirique, basée sur l’expérience et non sur la science. Le message n’est pas scientiste attention, la science n’explique pas encore tout et l’empirisme n’est pas à mettre au placard, seulement, si l’on veut un tant soit peu aller dans le bon sens, nous devrions étudier ce milieu qui est très complexe. Il n’y a qu’à regarder l’approche actuelle, on considère le sol comme un milieu physico-chimique, en oubliant qu’il recèle énormément de vie. Plus tard, dans Le sol, la terre et les champs, on apprend qu’un seul gramme de terre recèle plus de 1 milliards de micro-organismes (bactéries notamment). Je précise, pour ceux qui ne le sauraient pas, la plupart des bactéries ne sont pas mauvaises pour l’humain. Un grand nombre sont même bénéfiques pour nous (les bactéries des nos intestins avec lesquelles nous sommes en symbiose en sont un parfait exemple).

 

forêt le sol, la terre et les champs
Les forêts sont un parfait exemple du modèle naturel de formation des sols. La matière organique tombe sur le sol, le protège et nourrit les organismes du sol.

 

La naissance d’un sol

Dès le début, les auteurs nous livrent le processus qui amène un sol à se former. Pour simplifier, il faut des composés minéraux (provenant de la roche mère, sous le sol) et des composés organiques, provenant de la litière qui se décompose sur le sol (le mulch en permaculture). Ces deux sortes de composés, l’un minéral et l’autre organique, bien qu’ils soient très différents, vont se transformer sous l’action du climat et de la vie du sol et s’allier pour ainsi former un complexe stable. C’est ce que l’on appelle le complexe argilo-humique. Vous avez certainement déjà entendu parler de ce complexe argilo-humique qui est très important pour le sol.

C’est pourquoi dans les zones de la planète aux climats les plus rudes, les déserts brûlants ou glacés, le sol ne se forme pas, ou très peu. Il n’y a pas de litière sur le sol pour retenir les composés minéraux qui souvent, sont emportés par le vent sous forme de minuscules particules. Et dans le cas contraire, on peut citer les tourbières, formées grâce à une accumulation très forte de matière organique dans les montagnes ou les marais.

La maturité du sol

Le sol possède plusieurs couches, un peu comme un millefeuille. C’est ce que l’on appelle des horizons. Ce sont des couches qui se succèdent de la roche mère à la surface du sol. Comme vous vous en doutez, les couches proches de la roche mère (la couche de roche sous la terre) sont riches en minéraux et les couches proches de la surface sont quant à elles plus riches en matière organique. En fait, la roche se décompose grâce aux racines et aux microbes. Si vous voulez en apprendre un peu plus sur la matière organique je vous recommande cet article sur le compost où je vous présente ce qu’est la matière organique (MO) : l’intérêt du compost.

Le problème, c’est que l’agriculture “conventionnelle”, celle qui est la plus répandue, ne prend pas en compte ce délicat équilibre du sol. Ce qui amène les sols à un processus de mort. Par ailleurs la mort des sols touche, chaque année, 10 millions d’hectares à travers le monde.

La mort des sols

Schématiquement, le début de ce processus est engendré par une mort biologique du sol. Si les architectes et les constructeurs du sol n’y sont plus, ce dernier ne peut plus vivre. On peut citer 3 causes principales à la perte de matière organique dans le sol :

  1. Le labour qui est responsable notamment de l’émission de gaz à effet de serre, comme nous l’avons vu plus haut. Et qui tue la faune du sol, surtout celle en surface dans les cas où le labour n’est pas trop profond.
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  2. Les engrais riches en azote. Ces derniers, en apportant trop d’azote font donc baisser le rapport Carbone / Azote. Comme j’ai déjà eu l’occasion de vous le dire, vous savez certainement déjà que l’humus provient majoritairement des matières carbonées riches en lignine. Cette dernière est décomposée par les champignons qui n’ont guère le temps de se développer face aux bactéries (ces dernières se développent 20 fois plus vite). Au lieu de suivre la voie de l’humification, la matière organique va suivre en grande partie le processus de minéralisation. Qui est une des trois voies principales de la décomposition de la matière organique. En effet, la matière organique, lors de sa décomposition suit 3 voies : la minéralisation (nourriture des plantes) la réorganisation (nourriture de la faune et des micro-organismes du sol) et l’humification (production d’humus).
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  3. L’irrigation en période chaude. En effet, durant l’été, la minéralisation freine à cause de la chaleur et de la sécheresse. Ce qui n’a pas lieu avec l’irrigation.

 

Tout cela participe à la perte de matière organique. Dans Le sol, la terre et les champs, Claude et Lydia Bourguignon nous révèlent qu’en 50 ans, nous avons perdu la moitié des sols européens. Beaucoup de nos sols partent purement est simplement dans les rivières avec l’érosion. Il existe plusieurs formes d’érosion et quelques unes sont illustrées dans ce livre.

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L’agrologie et la complexité du sol

Au niveau des grandes surfaces, et donc pour les agriculteurs, une des meilleures techniques qui permet de garder un sol couvert  est de faire des semis direct dans des cultures dites intercalaires (j’en parle ici : le mulch en permaculture). Il s’agit d’une machine qui couche la culture précédente et qui sème directement dans cette culture. On appelle cette technique le semi direct sous couvert. C’est une technique connue dans le mouvement du sol vivant.

Le sol, milieu vivant

Dans ce chapitre on comprend à quel point la diversité de la vie dans un sol est grande. Les organismes vivants du sol sont très nombreux. Bien loin des seules taupes ou des vers de terre, le sol regorge d’une richesse biologique incontestable. Qu’elle soit animale ou végétale d’ailleurs. Nous allons en faire un rapide tour, mais sachez que le livre va beaucoup plus loin que ces quelques explications.

Les racines des plantes

Vous avez peut-être entendu parler de la rhizosphère. C’est la zone qui est sous l’influence des racines des plantes. Lorsqu’une plante meurt, les racines meurent aussi. Ce qui permet à un grand nombre d’animaux différents de se nourrir de ces racines. En effet, un grand nombre d’animaux, de micro-organismes, mais aussi des champignons et des bactéries se nourrissent des cellules végétales mortes. C’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle, en permaculture et en jardinage naturel on conseille souvent de couper les plantes et de ne pas les arracher. Afin que les racines restent dans le sol et se décomposent dans ce dernier. Ce qui permet de nourrir les micro-organismes, les champignons, les bactéries et de permettre d’aérer le sol. Le sol s’aère par deux phénomènes : le fait que les racines, en se décomposant, laissent un passage à l’air et à l’eau (ce qui améliore la rétention d’eau du sol). Mais aussi par le fait qu’en nourrissant la faune du sol, cette dernière fasse des milliers de galeries minuscules et aère le sol.

Ces racines sont en général bien plus développées que la partie aérienne de la plante. À titre d’exemple, dans Le Sol, la terre et les champs, on apprend qu’un pied de blé peut produire jusqu’à 200km de racines et qu’un seigle peut produire jusqu’à 600 km de racines ! Si on met ça sur 1 hectare on monte à 4 milliards de km de racines ! Mais ce n’est pas tout, les racines vont aussi en profondeur. C’est pour ça que nous voyons parfois des racines qui tombent des plafonds des grottes. Les plantes filtrent l’eau et remplissent, goutte après goutte, les réserves d’eau souterraines. Pour illustrer ce propos on peut citer deux chiffres toujours tirés du livre : les racines d’un chêne peuvent s’enfoncer jusqu’à 140 mètres de profondeur ! Et une petite luzerne à plus de 10 mètres de profondeur !  (Bien sûr, pour les plus scientifiques d’entres nous, les sources de ces chiffres sont indiquées dans le livre).

La macrofaune et la mésofaune

On apprend que les animaux visibles (d’où le préfixe “macro”) sont très différents.

taupe le sol, la terre et les champs
Les taupes, loin d’être des “ravageurs”, sont de véritables alliés du jardinier et de l’agriculteur. Ayant un régime carné, elles ne mangent pas les racines des plantes. Elles se régalent des vers blancs des limaces et autres animaux qui posent problèmes lorsque leur nombre est trop important. Elles aèrent la terre et offrent une excellente terre avec leurs taupinières.

 

Les mammifères dans lesquels on peut citer les rongeurs (campagnols ou mulots) et insectivores (taupes) n’ont clairement pas que des défauts ! Les rongeurs, comme les taupes, creusent la terre et permettent à l’eau de s’infiltrer beaucoup mieux. La taupe permet de mélanger les différents horizons et mangent un très grand nombre d’insectes considérés comme néfastes par les jardiniers, maraîchers ou agriculteurs.

Les invertébrés qui appartiennent à beaucoup de groupes différents. Je vous partage la liste qu’il y a dans le livre : “crustacés (cloportes), arachnides (araignées et acariens), myriapodes (millepattes et iules), insectes, collemboles, protoures, thysanoures, mollusques, vers et nématodes”. Autant dire qu’il y en a du monde là-dessous. Mais vous vous demandez certainement comment vous en sortir avec tous ces noms différents. Eh bien en les classant par couches de diverses profondeurs dans la terre. Je vais ne faire qu’effleurer le sujet car l’article sera bien assez long comme ça et que je ferai un article à l’avenir sur ce sujet. Mais si ça vous intéresse je vous invite à vous procurer le livre Le sol, la terre et les champs pour en apprendre plus.

  1. Les épigés : c’est un groupe qui vit dans les horizons en surface du sol. Principalement dans l’horizon organique (notamment dans la litière, mais aussi dans les premiers cm du sol). Ils se nourrissent du mulch en surface, qui est appelé litière par Claude et Lydia Bourguignon. Ils s’en nourrissent donc et font des crottes (chaque espèce s’attaque à des parties précises de la litière, c’est pourquoi il faut essayer d’introduire plusieurs choses dans son mulch). Crottes qui vont à leur tour être attaquées par les microbes et être transformées en humus. Ce sont les épigés qui aèrent le sol en surface. Grâce aux galeries qu’ils creusent en se déplaçant, il y a 80% de vide à la surface du sol, ce qui lui confère une très grande perméabilité. D’ailleurs, on peut faire ici un parallèle entre les inondations et le labour. Ce dernier, avec les pesticides, les engrais et le sol mis à nu, tue la faune épigé. Le sol perd sa perméabilité (on passe de 150mm d’eau/heure dans une forêt de feuillus à 1mm d’eau/heure). Autant dire que quand il pleut, l’eau ne fait que s’écouler au lieu de s’infiltrer !
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  2. Les endogés : c’est principalement le groupe dont je vous parlais plus haut qui mange les racines. Ils vivent donc à proximité de la rhizosphère. Ce sont de plus petites espèces, aux corps plus allongés pour suivre les racines. Elles sont responsables d’une porosité de 60% du sol en profondeur. Ils permettent aux racines des plantes de pouvoir respirer et à l’eau de s’infiltrer correctement.
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  3. Les anéciques : ce sont les vers du sol, ceux qui sont très connus et dont le rôle est primordial dans nos sols. Ce sont des insectes nocturnes, ou diurnes si le sol est bien couvert. Chaque jour ils sortent manger un peu de la litière sur le sol, font des turricules, et retournent dans la terre. Ils mangent leur poids en terre par jour ! Soit 300 à 1000 tonnes de terre par an et par hectare ! C’est grâce à eux, notamment, que le complexe argilo-humique peut se former. Dans leurs intestins ils possèdent des glandes qui permettent de lier l’humus (de la surface) et l’argile (des profondeurs).

Vous voyez donc que peu importe le groupe des êtres vivants que l’on regarde, si nous nous renseignons un tant soit peu sur leur rôle dans l’écosystème, ce dernier est assez grand. Cela permet de réfléchir à deux fois avant de vouloir “tuer”, “exterminer”, “faire disparaître” n’importe le quel d’entre eux.

Le sol et les plantes

Cette partie commence en nous expliquant ce qu’est la végétation climax. Il s’agit de la végétation qui se développe dans un certain lieu. Typiquement une région avec son climat, sa pluviométrie et son type de sol. Cette partie de Le sol, la terre et les champs nous invite à réfléchir sur les choix de cultures en fonction du lieu où l’on se trouve. On y trouve aussi un tableau avec l’origine de la plupart de nos fruits et légumes. Et c’est très étonnant ! Saviez-vous que la pomme est originaire du Moyen-Orient ou que le céleri était originaire de Chine ?

La rotation des cultures

Claude et Lydia Bourguignon insistent fortement sur le fait qu’il faille alterner les cultures. Selon eux, et d’autres chercheurs évidemment, les cultures devraient s’alterner et ne pas se suivre des années durant. Comme cultiver du blé après avoir cultivé du blé, après avoir cultivé du blé, après… Vous avez compris l’idée. Les espèces qui sont cultivées en monoculture épuisent le sol dans les ressources qu’elles y prélèvent. La monoculture n’est pas ce qui est le mieux par ailleurs, mais j’y reviens tout de suite après avec les associations du culture. Les auteurs avancent 3 hypothèses concernant les effets bénéfiques des rotations de cultures : “les exigences nutritives des plantes, l’amélioration de la structure du sol par les racines et la lutte contre le parasitisme“.

Les associations de plantes, la phytosociologie

La phytosociologie est une science encore toute jeune, elle s’intéresse aux associations de cultures. Il s’agit de connaissances importantes à maîtriser, et je vous invite à lire mon article sur les associations de cultures si vous ne savez pas de quoi il s’agit : les associations de culture au jardin potager : conseils et mise en place.

C’est une connaissance empirique qu’ont développée beaucoup de jardiniers, paysans ou agriculteurs du monde entier. Il y a encore quelques siècles, les agriculteurs français mélangeaient plusieurs espèces de blé, en général 3 (un blé d’été, un épeautres -blé des Gaulois-, et un froment -un blé tendre, celle qui est la plus cultivée aujourd’hui). En plus de cela, les champs de blé anciens étaient haut, et il y poussait de nombreuses fleurs champêtre. Cela avait un avantage incontestable : ça permettait d’avoir toujours une récolte en cas de problème. En cas de bonne année, le blé d’été poussait bien comparé aux deux autres, c’est le plus productif, mais aussi le plus sensible. Dans le cas d’un été humide, le froment, qui était résistant à l’humidité, poussait mieux. Et pour l’épeautre, très résistant à la sécheresse, poussait bien en cas d’année sèche. Vous allez me dire, c’est du pur bon sens que de ne pas mettre tous ces oeufs dans le même panier. Et je vous dirai, oui complètement, et il faudrait que l’on reprenne un peu de ce bon sens oublié aujourd’hui ! Si les associations culturales de céréales vous intéressent, voilà quelques noms tirés du livre (je vous laisse rechercher les différentes espèces, c’est passionnant !) : le méteil, le champart et la morgane.

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La nutrition des plantes cultivées

Ensuite, les auteurs nous donnent différents tableaux concernant les micro-nutriments et autres composants que l’on peut retrouver dans les plantes. Voici quelques chiffres très intéressants :

  • 92% à 98% du poids sec (déshydraté) d’une plante provient de ce que la plante capte dans l’atmosphère et non dans le sol ! Il y a 4 éléments qu’elle capte ainsi : le carbone, l’oxygène, l’hydrogène et l’azote.
  • 2% à 5% du poids sec d’une plante provient de ce que la plante capte dans le sol, il s’agit ici du reste, ce qui représente environ 30 éléments.

On remarque alors que la plante est composée en majorité de peu d’éléments qu’elle puise dans l’atmosphère. Et que le gros de ces qualités nutritives (les oligo-éléments) sont puisés dans le sol. Ce qui amène les auteurs à nous faire remarquer que l’agriculture actuelle ne prend pas cela en compte. Elle veut nourrir quantitativement les plantes avec force d’engrais !

Je me permets de faire un parallèle. Vous avez déjà certainement entendu dire que l’agriculture biologique, et notamment la permaculture ou le jardinage naturel permettait de fixer du carbone au lieu d’en rejeter dans l’atmosphère. C’est une nouvelle très intéressante quand on connait les quantités de CO2 qui sont rejetées quotidiennement dans l’atmosphère dans le monde. C’est très simple à comprendre. De part la technique du mulch, le carbone qui constitue une grande partie de la litière va être recyclé en humus. Et de ce fait, le carbone sera séquestré dans les sol, en l’agradant. Pour la France cela représenterait 35 millions de tonnes de carbone par an comme je vous le disais en début d’article. Quel plus bel avenir pour l’agriculture, qu’une agriculture qui permettrait de lutter contre le réchauffement climatique, tout en préservant, et même créant, du sol et nourrissant la population mondiale ?

Biodiversité et agriculture

Je ne donnerais que 2 chiffres qui parleront d’eux même pour cette partie. Ils sont très révélateurs de notre monde actuel. En 1906 nous cultivions 253 variétés de pommes françaises. 80 ans après, soit en 1986, il n’en restait que 10 qui représentaient 8% du marché national… Ça donne à réfléchir n’est-ce pas ? Évidemment les auteurs vont bien plus loin dans le livre, mais je vous partage ici ce qui me semble intéressant à mettre dans un résumé. 😉

Agrologie et fertilisation

Un des points fondamentaux de la fertilisation est de connaître son sol et les besoins des plantes avant même de commencer à s’intéresser à la fertilisation. Cette partie de Le Sol, la terre et les champs permet de se poser les bonnes questions et de voir que ce n’est pas une question aussi simple qu’on le pense aujourd’hui. La partie est plus destinée aux agriculteurs, mais les jardiniers que nous sommes en tireront quand même beaucoup de savoir. On s’intéresse à la fertilisation du sol, où l’humain peut avoir plusieurs techniques à sa disposition. Notamment en changeant le terrain et le relief (pensez aux rizières d’Asie). Ou encore au drainage. Claude et Lydia Bourguignon nous amènent ensuite à nous intéresser à la fertilisation de la faune même du sol. C’est cette dernière qui aère la terre en la brassant suite à leur incessantes allées et venues. Mais aussi la fertilisation des microbes, un maillon indispensable. Pour enfin s’intéresser à la fertilisation des plantes mêmes. Autant dire que résumer la fertilisation par “fertilisation des plantes” est une vision très limitée de l’agriculture.

Le sol et les animaux – Le sol et le terroir

Je ne développerai pas ces deux parties car je les trouve moins intéressantes pour les jardiniers que nous sommes et cet article est déjà assez long comme ça. Mais pour ceux qui auraient des animaux à la maison, comme des poules ou quelques ovins cette partie pourrait vous intéresser !

 

Mon avis sur Le Sol, la terre et les champs :

Un livre de vulgarisation scientifique

Le livre Le sol, la terre et les champs – Pour retrouver une agriculture saine est un bon livre de vulgarisation scientifique. Selon moi il s’agit vraiment d’un livre de vulgarisation scientifique. Claude et Lydia Bourguignon sont deux scientifiques, et ça fait du bien de lire un livre comme celui-là. On est loin de ce qu’on peut entendre ou voir sur internet notamment. Le but du livre est de nous donner des bases scientifiques pour comprendre le fonctionnement du sol dans ces grandes lignes.

C’est un livre dense et riche. Et comme il s’agit d’un livre de vulgarisation scientifique je pense que ce livre est destiné à un public qui possède quelques bases. Soit en agriculture, en jardinage ou en biologie. Je ne dis pas que si vous n’avez aucun baguage scientifique le livre n’est pas fait pour vous, vous devrez vous accrocher car c’est un gros livre. Mais si vous êtes passionné, il ne devrait pas y avoir de problème ! De plus, tout au long du livre, les auteurs nous donnent beaucoup de schémas et de tableaux très clairs. Mais aussi un bon nombre de photos, ce qui est très appréciable et nous aide à comprendre les propos énoncés. 😉

Le sol, la terre et les champs : un plaidoyer

Comme je le disais plus haut, Le sol, la terre et les champs permet de faire réfléchir à plusieurs choses. Et notamment de la place de chaque chose dans le sol. Ce milieu à la fois foisonnant de vie et si fragile. C’est un des messages forts de ce livre, comprendre le sol pour ne plus chercher à faire une agriculture de la guerre, mais une agriculture du futur, qui serait responsable, inclusive et apaisée. L’agriculture, le maraîchage et surtout le jardinage se fait souvent dans la peur. Et cela se comprend lorsque l’on regarde le nombre d’articles sur le net accusant un grand nombre d’espèces comme responsables des ravages. Alors oui, ces dernières sont sans doute celles qui causent les ravages. Mais ce n’est que le symptôme d’une situation plus complexe, d’un déséquilibre. Cela amène à chercher la cause, et observer. C’est un des principes clefs de la permaculture, observer et essayer de comprendre avant de vouloir intervenir.

C’est pourquoi je considère que ce livre a clairement sa place dans toute bibliothèque permaculturelle ou tout simplement de jardinage.

Cliquez-ici si vous souhaitez lire les avis d’autres lecteurs du livre Le Sol, la terre et les champs – Pour retrouver une agriculture saine.

Points forts :

  • bonnes illustrations qui aident à la compréhension
  • beaucoup de sources en fin de livre
  • une très bonne introduction à la microbiologie des sols
  • tour d’horizon de très nombreuses pratiques agricoles parfois oubliées du grand public
  • un plaidoyer fort, riche et construit pour une agriculture responsable et écologique

Points faibles :

  • Un peu compliqué pour les personnes n’ayant pas de baguage scientifique ou de bases en agriculture

 

Acheter ce livre sur Amazon : Le Sol, la terre et les champs – pour retrouver une agriculture saine, de Claude et Lydia Bourguignon

 

Pour finir, voici 2 citations tirées du livre Le Sol, la terre et les champs :

“Affirmer que l’agriculture biologique affamerait l’humanité est un mensonge, c’est exactement l’inverse qui se passe. L’agriculture industrielle a déjà détruit 1 milliard d’hectares en un siècle et continue de détruire 10 millions d’hectares par an, par l’érosion et l’irrigation, et elle a été incapable d’arrêter la famine et de développer un modèle durable”.

“Depuis 4000 ans, l’Homme détruit, sans comprendre, la végétation naturelle ; grâce à la compréhension des lois de l’écologie et du fonctionnement des écosystèmes, l’agriculteur de demain étudiera avant de détruire.”

 

C’est la fin de cette chronique, si elle vous a plu ou si vous avez déjà lu le livre, n’hésitez pas à laisser un commentaire et à partager ! 😉
J’espère que cet article vous aura donné envie de lire ce très bon livre, ou qui sait, de le relire !

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10 réflexions au sujet de « {livre} Le sol, la terre et les champs »

  1. Merci beaucoup pour votre réponse et votre réactivité.

    Du coup je pencherai plus pour la deuxieme idée, car il est vrai que les rongeurs sont assez nombreux chez moi (Malgrés la présence de deux chats et un chien )
    Toutefois je voulais savoir ce que vous entendiez par engrais verts?

    Merci d’avance

    1. Si c’est possible pour vous je vous conseille effectivement cette solution en premier lieu. À noter qu’il n’est pas idéal de faire certains semis sous un mulch aussi épais (vous pouvez lire l’article sur le mulch pour en apprendre plus).

      Pour les engrais verts il s’agit d’une culture intercalaire. Une culture qui occupe une parcelle entre deux saisons par exemple. Les engrais verts peuvent être de la phacélie ou de la moutarde blanche. Vous pouvez combiner les deux solutions : une grosse couche de BRF et une culture de fève par exemple. les fèves ont l’avantage de pouvoir être semées sous un mulch épais. Et 2 semaines à 1 mois avant la mise en place de vos cultures vous pourrez les couper et les laisser directement sur place pour entretenir le mulch et la vie du sol. 😉

  2. Bonjour Heikel,

    Il y a quelques jours j’ai découvert votre site internet, en faisant une recherche sur la culture bio. J’ai fortement aprécié votre blog, qui m’a permis de découvrir pas mal de chose, surtout sur les idées reçus.

    J’ai l’objectif de me lancer dans la conception d’un potager dans le courant de l’année, donc je commence à me renseigner. En lisant votre blog je me rend compte que les conseil de “papa” ou “pèpère” ne sont pas forcément à prendre au pied de la lettre .

    J’avais cependant une petite question. Pour le moment mon potager est en “herbe” mais la personne avant moi avait déja cultivé cette partie. J’ai lu dans votre blog qu’il ne fallais pas retourner la terre au risque d’engendrer des problemes au niveau de l’ecosystem sous terrain. Cependant je me demande si pour une première foie, il ne faudrait quand meme pas passer un petit coup de motoculteur, quand pensez vous?

    Merci encore pour votre blog, merci d’avance pour votre réponse, et j’arrete les merci nous ne sommes pas au festival de Canne quand meme 😉

    Cordialement

    1. Bonjour,

      Merci pour le compliment, j’ai à coeur de proposer du contenu qui aide mes lecteurs, et c’est chose réussite dans ce cas. 🙂

      Effectivement, sauf cas très particulier, il n’est pas recommandé de toucher la terre. Même (et je dirais “surtout”) après une période sans culture. Le sol, en fonction de ce qui pousse à sa surface, est en train de se reconstituer et de s’organiser à nouveau (si le précédant jardinier retournait sa terre notamment). En effet, les racines sont en train de nourrir la faune et la flore du sol, ainsi que les champignons. L’herbe n’est vraiment pas l’idéal, mais cela à quand même un intérêt. Les brins d’herbe protègent le sol de l’érosion. Mais si vous retourniez la terre, l’herbe se retrouverait en profondeur, dans un milieu sans air (anaérobie) et cela ne permettrait pas à l’herbe de se décomposer correctement. De plus, la faune, la flore et les champignons serait tout tourneboulés et cela en tuerait une grande partie (écrasement, asphyxie par manque d’air, brûlure à cause de l’air).

      Pour préparer une terre à un futur potager, rien de tel qu’un mulch bien épais et quelques arrosages copieux. Pour le mulch vous avez, seulement moi, deux solutions qui s’offrent à vous :

      1. Soit pendre du carton sur le sol : une solution très simple mais qui a ses inconvénients, notamment de ne pas nourrir la vie du sol en décomposant. Mais au résultat plutôt satisfaisant en ce qui concerne l’élimination des adventices. Il faut compter quelques mois pour avoir un sol nu en dessus (ça tombe bien, la période hivernale est parfaite pour préparer les parcelles de l’année suivante). Pour pallier au fait que cela ne nourrisse pas la vie du sol, vous pouvez compléter le carton par un compostage de surface sous ce carton. Si vous choisissez cette solution, je vous invite à être vigilant sur le type de carton que vous allez mettre sur votre sol : préférez un carton non traité et sans encre de couleur ni bouts de plastiques ou agrafes (difficiles à retrouver une fois sur le sol). Notez que cette solution protège, plus que toute autre, les rongeurs. Si vous avez donc des problèmes de rongeurs, ce n’est dont pas forcément la meilleure solution qui s’offre à vous.

      2. Soit épandre une couche de mulch très épaisse composer de ce que vous avez sous la main. Si vous pouvez vous en procurer, je vous conseille très vivement un mulch à base de BRF (Bois Raméal Fragmenté). Il s’agit de copeaux de bois. Cela à le principal avantage d’être durable, de nourrir le sol en se décomposant et d’apporter du carbone (afin de former de l’humus et donc le complexe argilo-humique – notion évoquée dans cette chronique du livre Le sol, la terre et les champs). De plus, le BRF va nourrir aussi les champignons qui poussent en symbiose (dans le sol) avec les plantes en leur offrant beaucoup de nutriments et d’eau, contre un peu de sucre de la part des plantes. Le BRF (comme le carton) va jouer le rôle de mulch. C’est-à-dire qu’il va protéger physiquement le sol et la vie du sol. Notamment de l’érosion causée par la pluie et le vent, et l’action du soleil. Mais le BRF va aussi nourrir le sol, contrairement au carton.

      L’autre solution que je pourrais vous proposer et de faire une culture d’engrais verts pendant l’hivers et de le faucher 1 ou 2 mois avant de faire vos propres cultures.

      Mais vraiment, passer le motoculteur ne me semble pas être une bonne solution dans votre cas. Ça le serait si vous étiez un maraîcher qui souhaiterait produire au plus vite des légumes exigeants sur la qualité physique du sol, comme les légumes racines, mais ce n’est pas votre cas. Laissez la nature et les milliards de micro-organismes dans le sol faire leur travail et se reproduire, vous en tirerez un plus grand bénéfice une fois tout ce petit monde bien installé. 😉

      Merci encore pour ce très gentil commentaire !

  3. bonjour heikel cette perle que tu m’envoie sa n’existe pas chez nous en algerie mais je me contente de ton mail que je doit le gardez et nom de le supprimer comme sa je pourrait le relire sympas de ta part

  4. Bonjour Heikel. ça fait que je ne suis pas venue sur ton blog et je vois que nous sommes sur la même longueur d’onde…je viens d’écrire un article sur le même sujet. Je devrais sans doute acheter ce livre pour en savoir encore plus! à bientôt

    1. Salut Agnès, cela me fait aussi plaisir de le remarquer lorsque je visite ton blog. J’irai voir l’article dont tu parles d’ici peu. Et en effet, ce livre est une petite perle !
      Amicalement ! 😉

    1. Salut Adrien, merci pour ce commentaire !

      Effectivement, le livre est vraiment excellent. C’est une base et un must-have dans la bibliothèque de tous les jardiniers. Comprendre comment fonctionne le sol et la vie qu’il héberge pour mieux cultiver des fruits et légumes est selon moi une vraie base !

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