Je vous propose aujourd’hui un article un peu spécial. En effet, je laisse la parole à un ami et photographe de talent, Adrien, du blog Pose Nature. Un blog dédié à la photographie nature. Il va nous initier à la macrophotographie : la photographie des petites choses, comme les magnifiques insectes qui peuplent nos jardins. Et vous allez voir, il a de sacrées astuces afin de ne pas dépenser énormément. La photographie animalière et la macrophotographie sont deux de ses passions, qu’il nous transmet d’ailleurs avec brio. Je dois vous avouer que son univers est un véritable coup de coeur ! Mais vous jugerez vous-même, l’article est illustré avec ses propres photographies. 😉
Quel est un des loisirs préféré du jardinier en permaculture ? Se balader dans le jardin, entendre le bruit des insectes agissant naturellement sur les légumes, voir les papillons voler et observer leur danse si gracieuse, bien évidemment ! Qui n’a pas passé des heures à se balader et à admirer la Nature, émerveillé devant tant de vie ? Si vous vous intéressez à la Nature (et si vous lisez ceci, c’est que vous l’êtes), il vous est probablement venu à l’idée de sortir l’appareil photo pour immortaliser tout ce petit monde dans votre jardin. Photographier les insectes et les fleurs porte un nom, on appelle cela la macrophotographie. Malheureusement, vous n’y connaissez pas grand chose à la photographie et vous vous rendez rapidement compte que le résultat de vos photos n’est vraiment pas à la hauteur de vos espérances : l’insecte apparaît tout petit sur l’image, le décor est moche et très encombré. Découragé, vous décidez de poser l’appareil et de reprendre le râteau et la pelle. Dommage, car cette limite n’est imposée que par un seul facteur : votre matériel n’est tout simplement pas fait pour la macrophotographie. Outch ! Doit-on alors investir des centaines d’euros pour photographier les insectes ? Non, car il existe deux astuces que je vous livre dans cet article et qui vous permettront d’immortaliser toute la faune de votre jardin pour quasiment zéro euro. C’est parti !
Pourquoi votre matériel actuel n’est pas fait pour faire de la macro
Le principale problème avec votre matériel actuel est que votre objectif ne dispose pas d’une mise au point minimale suffisante pour vous approcher assez près de votre sujet. Vous êtes donc obligé de prendre des photos de loin. L’insecte n’occupe donc qu’une toute petite partie de la photo, ce qui n’est pas vraiment intéressant, ni très joli. Qu’est-ce que la distance de mise au point minimale ? C’est la distance séparant le sujet et la lentille de l’objectif au dessous de laquelle vous ne pouvez plus obtenir une photo nette. Pour comprendre ce phénomène, prenez l’exemple de l’oeil humain qui fonctionne sensiblement pareil qu’un objectif photo. Si vous fixez et approchez votre doigt vers votre nez, vous constaterez au bout d’un moment que vous le voyez complètement flou : c’est la distance minimale de mise au point de vos yeux !
Mais alors comment faire pour pouvoir s’approcher assez près de l’insecte ? Acheter un objectif pouvant se rapprocher très près, bien évidemment ! Malheureusement, ces objectifs spécialisés coûtent généralement très cher (minimum 500€), il est donc impensable d’investir une telle somme quand vous découvrez la macrophotographie, car vous ne savez pas si c’est un domaine qui va vraiment vous plaire. Alors comment ne pas se retrouver avec un trou dans le compte en banque et un objectif dans le placard qui ne sert jamais ? Voici deux techniques qui ne coûtent quasiment rien et qui vous permettront de rapidement découvrir le monde de l’infiniment petit. Après avoir lu cet article, vous serez en capacité de produire ce genre d’images chez vous, même avec l’objectif de base de votre appareil :
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Technique numéro 1 : retourner l’objectif
Non, je n’ai pas perdu la tête, vous avez parfaitement lu ! La première technique consiste à retourner son objectif et à le placer devant son boîtier. Cette technique est très utilisée dans le monde de la photographie de Nature et porte même un nom : la macrophotographie inversée. Plutôt que de faire de grands yeux devant votre écran, je vous invite à tester en temps réel avec moi sur une pièce de monnaie pour vous convaincre du résultat :
- Retirez votre objectif du boîtier
- En le tenant fermement dans votre main gauche, retournez-le et posez-le délicatement en face de l’appareil.
- Regardez dans le viseur
- Approchez-vous très près de la pièce de monnaie (la distance de mise au point est très petite)
- Magie, vous voyez tous les détails de la pièce !
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Vous voilà donc maintenant équipé pour faire de la macrophotographie sans avoir dépensé un seul centime. Elle est pas belle la vie de macrophotographe ? À noter qu’avec cette technique, le facteur de grandissement (c’est comme cela qu’on appelle le rapport du « zoom ») est aussi “inversé”. Cela signifie que plus la focale sera courte et plus le rapport de grandissement sera grand. En pratique, un objectif de 18 mm monté en inversé, « zoomera » beaucoup plus qu’un 55mm. Si vous avez peur de faire tomber l’objectif ou que vous voulez avoir les mains un peu plus libres, sachez qu’il existe des bagues adaptatrices (10 euros en moyenne) pour fixer les objectifs inversés sur les boîtiers : les bagues d’inversion. Attention cependant lors de votre achat, car il faudra obligatoirement choisir une bague qui s’adapte à la marque de votre appareil et son diamètre devra correspondre à celui du porte-filtre (taille de la lentille frontale) de l’objectif que vous utilisez. Cette valeur est indiquée en mm sur le bouchon de l’objectif, juste à côté du symbole Ø.
Technique numéro 2 : utiliser des bagues-allonge
La deuxième astuce consiste à forcer l’objectif à dépasser sa distance de mise au point minimale afin de pouvoir s’approcher plus près du sujet. Pour réussir ceci, il faut tout simplement éloigner l’objectif de l’appareil photo. Alors vous vous imaginez bien qu’il est impossible de tenir son objectif devant l’appareil avec du vide entre les deux, c’est bien trop dangereux et compliqué à mettre en place. Non, ici nous allons tout simplement utiliser ce qu’on appelle des bagues-allonges. Ce sont de simple tubes creux en métal que l’on vient intercaler entre les deux et qui permettent de diminuer considérablement la distance de mise au point minimale. Si vous n’êtes pas familier avec ces termes techniques, cela signifie tout simplement que vous pourrez vous rapprocher plus près de votre insecte et donc d’avoir une photo en « gros plan ». Il existe plusieurs modèles, certains gardent les automatismes mais coûtent chers. Pour débuter je vous conseille d’acheter un jeu de bagues simple, qui coûte 10-15 euros, ce qui est largement suffisant pour s’essayer à la macrophotographie.
Les objectifs macro dédiés
La macrophotographie vous intéresse et vous voulez allez plus loin au niveau qualité d’images ? Il va donc falloir investir dans un objectif spécialement taillé pour la macrophotographie ! Attention cependant d’être sûr de votre motivation et de votre intérêt pour ce domaine, car ces objectifs coûtent généralement chers et ne servent quasiment qu’à faire de la macro (encore que certains sont fréquemment utilisés en portrait, pour la qualité de leur flou d’arrière-plan notamment). Comment choisir son objectif ? Honnêtement, la plupart des marques et modèles sont excellents, il y a donc peu de risques de vous tromper. Il faut juste prévoir la longueur de la focale en fonction de votre usage. Voici quelques pistes selon vos envies :
Photographier les légumes/fleurs et insectes peu craintifs : pas de risque de fuite, vous pouvez donc prendre une focale allant de 50 mm jusqu’à 105 mm. Quelques modèles qui ont fait leurs preuves :
- Canon EF 100mm f/2.8 Macro IS USM
- Tamron SP 90 MM F/2,8 DI MACRO VC USD
- Sigma 105 mm F2,8 DG OS HSM
- AF-S VR MICRO-NIKKOR 105MM F/2.8G IF-ED
Photographier les insectes craintifs : rentrent dans cette catégorie certaines espèces de papillons et de libellules. Pour ne pas risquer leur fuite, il va donc falloir photographier de plus loin et donc opter pour une focale de minimum 150mm. Et dans cette catégorie, il n’en existe qu’un seul :
- Sigma 150/2.8 DG EX OS HSM Macro
Conclusion
La macrophotographie est un domaine passionnant pour celui qui veut s’y consacrer un peu sérieusement. En effet, les possibilités sont illimitées et c’est LE domaine le plus créatif en photographie. La facilité de trouver des insectes joue également en notre faveur, puisqu’un simple tour dans le jardin permet de découvrir une variété insoupçonnée d’espèces. J’espère que cet article vous a plu et que vous pourrez vous amuser rapidement et à moindre coût. Si la macrophotographie vous intéresse et que vous voulez aller plus loin, je vous invite à visiter mon blog Pose Nature où je donne des cours et de conseils pour apprendre la photographie animalière et de Nature. N’hésitez pas également à me poser des questions en commentaire, je serai ravi d’y répondre. Pour finir, je souhaite remercier Heikel pour m’offrir la possibilité de parler de ma passion sur Jardiner Futé, vous êtes entre de bonnes mains 🙂
Sur ce, bonnes photos à tous !
Adrien
Je m’appelle Adrien Coquelle et j’ai démarré la photo à partir de zéro en Mai 2016. Rapidement passionné par cet art, je me suis exclusivement tourné vers la photographie animalière et de Nature. Mon objectif est de partager avec vous ma progression et de vous proposer une vraie plateforme d’apprentissage où nous pourront apprendre ensemble, pas-à-pas, comment rendre hommage à notre magnifique Nature. Bonne visite sur mon site Pose Nature !
- Site internet : https://posenature.fr/
- Page Facebook : Pose Nature
- Chaîne YouTube : Pose Nature
11 réflexions au sujet de « Comment photographier les insectes du jardin facilement »
Bonjour
Superbe article sur la photographie
Permettez-moi de vous poser quelques questions
C’est bien de pouvoir photographier les insectes du jardin mais existe-t-il un moyen de les identifier ?
Autre chose la photographie de jour c’est bien mais comment faire pour la faune de nuit je pense que la technique n’est pas la même
Merci pour vos réponses
Cordialement
Bonjour Bernard !
Concernant l’identification des insectes vous pouvez trouver des groupes sur facebook d’entomologistes amateurs et passionnés qui répondront à vos demandes très rapidement. Sinon, en tapant « identifier un insecte » sur un moteur de recherche (comme google), vous trouverez de nombreux sites vous aidant à identifier l’insecte en question.
Je laisse Adrien répondre pour la question de la photographie des insectes nocturnes. 😉
Bonjour, pour la photographie de nuit il faut utiliser obligatoirement un trépied et favoriser ce qu’on appelle des poses longues de plusieurs secondes, ce qui implique d’avoir un sujet complètement immobile.
Bref c’est assez difficile à mettre en place…
Génial !! Déjà merci de partager tant d’expériences avec nous. On s aperçoit que nous ne sommes pas seul à apprécier la nature et à prendre ce qu’elle nous offre (nourriture, émerveillement, calme). J ai bien aimée t as description de présentation de l’article j ai presque crue que tu racontais ma vie 🙂 tes photos sont magnifiques, effectivement j’avais mis l’appareil en suspens ! Mais avec cette super astuce je vais m’y remettre c’est sur ! Merci à vous 2 merci:)
Merci beaucoup pour ce message, ravi que l’article te plaise et que tu aimes mes photos, c’est très encourageant pour moi 🙂
Bonnes photos alors !
C’est justement une réflexion que je mène actuellement. L’investissement dans un objectif en vaut-il la peine (450 euros pour le sigma) mais en même temps , je ne suis pas convaincue par les bagues.
Salut Agnès, je laisse Adrien répondre à ton commentaire, il sera plus à même de te conseiller correctement. 😉
Bonjour Agnès, en quoi n’es-tu pas convaincue par les bagues ?
J’avais la même réflexion que toi lorsque j’ai débuté, je ne savais pas si je devais investir autant d’argent dans un domaine qui pourrait très bien ne pas me convenir. C’est pour cela que j’ai commencé avec un 50mm inversé et rien qu’avec ceci on peut faire de très belles choses, comme tu peux le voir sur mes 3 photos en début d’article (la guêpe, la libellule et la sauterelle)
Pour te convaincre un peu plus, voici un photographe qui ne travaille qu’avec du matériel inversé bas de gamme : http://thomasshahan.com/#photos
J’ai également fait un article consacré aux bagues sur mon site, je t’invite à le lire : https://posenature.fr/macrophotographie-inversee/
Bref, c’est vraiment la solution la plus simple et la moins chère pour s’essayer à la macro, je la recommande à tout le monde.
N’hésite pas si tu as des questions
J’aime beaucoup l’idée de faire écrire des articles par d’autres auteurs de blog !
En tout cas, merci à Adrien pour ses conseils. Je ne connaissais pas l’astuce de l’objectif retourné, mais je vais m’y mettre ! C’est vrai que quand on a un potager ou un jardin, c’est bien de pouvoir immortaliser correctement les beaux instants que nous offre la nature 🙂
Tout à fait d’accord, ça fait vivre le blog, lui donne une autre dimension. Ça nous permet aussi de nous faire des liens avec d’autres blogueurs.
Merci pour le commentaire 😉
Merci Alexandre, amuse-toi bien alors ! 🙂